Pour la première fois, le Kosovo accueille une biennale d’art contemporain européenne

Manifesta, une biennale d’art contemporain, s’est installée dans la capitale kosovare, Pristina. Une première pour le jeune pays et l’occasion pour la population d’envisager un avenir plus européen.

Après Marseille il y a deux ans, Manifesta a choisi la capitale du plus jeune État d’Europe, le Kosovo, pour tenir sa 14e édition. Cette biennale d’art contemporain européenne a pris ses quartiers depuis la fin juillet à Pristina et ce, jusqu’au 30 octobre, avec la participation de plus d’une centaine d’artistes. C’est la première fois qu’elle se déplace dans le sud-est de l’Europe.

Manifesta est une biennale d’art contemporain européenne nomade qui réfléchit sur les liens entre l’art et l’espace public. Une occasion en or pour les Kosovars de se réapproprier cet espace car depuis la guerre en 1999, Pristina souffre d’un développement urbain très chaotique. La capitale dispose de très peu de lieux culturels alors que sa population affiche une moyenne d’âge de seulement 28 ans. Grâce à la biennale, plusieurs lieux laissés à l’abandon ont été transformés, par exemple, en médiathèque ou en centre d’art. « Malheureusement pour 80% des citoyens de Pristina les sorties culturelles, ce n’est possible que dans les centre commerciaux, déplore Dardan Hoti, l’attaché de presse de Manifesta. On espère donc vraiment qu’après cette biennale, les autorités auront pris conscience qu’il faut protéger les lieux publics et les transformer en des lieux culturels au service des gens de Pristina. »

Une jeunesse à l’étroit

Cette biennale résonne aussi particulièrement avec les aspirations européennes de la jeunesse kosovare qui se sent à l’étroit dans un pays qui est trois fois plus petit que la Belgique. Les Kosovars sont en effet les seuls dans la région à avoir besoin d’un visa pour voyager dans l’espace Schengen. À 25 ans, Anita espère du changement : « On sait que l’image du Kosovo n’est pas très bonne à l’étranger, surtout chez les gens qui ne sont jamais venus ici. Pourtant le pays et les gens ont beaucoup changé. Aujourd’hui, nos aspirations sont européennes, vers l’Union européenne, et on attend cette libéralisation des visas ! » Début octobre encore, et malgré les recommandations de la Commission européenne, les États membres, et notamment la France, ont encore refusé de supprimer cette obligation de visa.